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Quand peut-on choisir une démarche homéopathique ?
Le premier point en consultation vétérinaire (où les propriétaires ont parfois attendu très longtemps avant de consulter ce qui implique alors régulièrement l’existence de lésions organiques parfois avancées) est de cadrer la pathologie en cause. Il est essentiel de pouvoir d’abord répondre à la question :cette pathologie relève t-elle de la chirurgie ? de l’homéopathie ? ou bien doit-on y adjoindre aussi une médication allopathique ?.
Il est évident qu’une fracture qui demande une ostéosynthèse ne pourra pas être prise en charge par l’homéopathie seule ; par contre une fois la chirurgie réalisée on peut grâce à différents remèdes homéopathiques : soulager la douleur de l’animal et également accélérer la formation du cal osseux lorsque celle-ci est longue à démarrer. Il en va de même pour tout traumatisme plus ou moins grave qui aurait entraîné une effraction dans l’organisme nécessitant une reconstruction pariétale chirurgicale (voire une reconstruction chirurgicale de l’organe atteint lui-même le cas échéant). Là aussi une prescription homéopathique adaptée en basses dilutions pourra après la chirurgie aider à une meilleure et plus rapide récupération dans bien des cas.
Il arrive même parfois qu’en cas d’échec de la chirurgie une prescription homéopathique judicieusement choisie permette la résolution du cas et l’orientation vers la guérison : C’est par exemple le cas de ce chien Épagneul Breton opéré d’une fracture comminutive du Radius par la pose d’une plaque, et qui après 5 semaines a présenté une nécrose cutanée importante en regard de cette plaque ainsi qu’un foyer d’ostéomyélite sous l’implant. Différents traitements antibiotiques (dont l’efficacité avait été testée au préalable sur prélèvement et antibiogramme) se sont révélés inefficaces pendant un peu plus de 4 semaines, le foyer d’ostéomyélite s’étant même étendu. Avant d’envisager le retrait de la plaque et la mise en place de fixateurs externes pour tenter d’arriver à une consolidation osseuse suffisante, un traitement homéopathique à été prescrit pour la première fois en complément d’une antibiothérapie déjà essayée au préalable (SynuloxND).
Le remède prescrit était : PYROGENIUM en basse dilution, à raison de 5 granules par jour. Au bout de 2 semaines,de traitement après une suppuration très importante de la plaie cutanée (effet attendu par la prescription de Pyrogenium comme indiqué dans la matière médicale), un tissu de granulation a enfin commencé à apparaître sur la plaie cutanée et les Radiographies ont montré pour la première fois un début de régression de l’ostéomyélite.
En un mois supplémentaire de traitement la plaie s’est refermée, l’ostéomyélite a ensuite disparu définitivement évitant ainsi une nouvelle opération compliquée au pronostic incertain.
PYROGENIUM est un remède classique de suppuration qui n’arrive pas à guérir, il nous avait été également cité par un chirurgien osseux exerçant en CHU qui l’avait utilisé avec succès dans un cas similaire chez un de ses patients humains.
En dehors de ces cas où la chirurgie est inévitable, la question est donc souvent de savoir si le vétérinaire homéopathe doit ou non prescrire aussi un remède allopathique pour traiter.
Pour répondre à cette question il nous faut revenir à la définition des termes employés ici.
Le mot allopathie signifie littéralement : « Aller contre (allo) la maladie (pathos) » ; c’est la loi des contraires : Anti-biotiques, Anti-pyrétiques, Anti-inflammatoires etc…
Le mot homéopathie signifie littéralement : « Aller avec (homéo) la maladie(pathos) » ; c’est la loi de similitude énoncée par Samuel Hahnemann dont nous avons déjà parlé dans notre précédent article.
Dès lors la réponse à notre question est simple : si la cause de la maladie est connue et que l’on dispose d’une molécule en allopathie qui ne met pas en danger la vie de l’animal il faut la prescrire.
Par exemple un animal présente une piroplasmose :la cause est connue, le parasite sanguin identifié et on dispose d’une molécule très efficace pour détruire le protozoaire infectant (Carbésia ND par exemple) il faut la prescrire . (Cela n’empêche pas le vétérinaire qui le désire d’associer à cette médication un traitement de drainage hépato-rénal type BERBERIS/SAPONARIA etc…qui contribuera à la guérison de l’animal).
Enfin si la cause (au sens allopathique) n’est pas identifiée, alors l’homéopathie peut être la solution thérapeutique employée soit en association avec certains médicaments allopathiques (antibiotiques, antiparasitaires par exemple/Mais en aucun cas avec des corticoïdes),soit de façon exclusive dans la mesure où une recherche du remède similimum aura été bien conduite.
En effet dans ces cas ,les plus fréquents en fin de compte, qui nous posent le plus de problèmes au quotidien ,nous savons bien que c’est le terrain de l’animal qui est en jeu. Autrement dit, ce qui est alors en cause c’est finalement la réactivité particulière de tel animal qui lui fait sortir toujours les mêmes symptômes voire le même type de symptômes que l’on arrive pas à éradiquer, un peu comme si cet organisme avait régulièrement besoin de cette tentative de régulation qu’il met en place.
Ce sont par exemple les pathologies bronchiques chroniques du type asthme félin ou bronchite chronique, ou encore les dermatoses chroniques récidivantes rebelles à tous les traitements allopathiques d’habitude si efficaces etc… et pour lesquels l’homéopathie apporte des résultats souvent remarquables (et durables), ou encore les troubles du comportement dans lesquels l’homéopathie apporte le plus souvent des résultats remarquables et durables si le remède choisi est bien le similimum de l’animal.
Prenons un cas clinique concret simple du point de vue homéopathique :
Titus, Épagneul breton de 6 ans m’a été référé pour une dermatose très prurigineuse chronique récidivante (examens paracliniques normaux) depuis 2 ans et demi rebelle à tous les traitements normalement efficaces (Frontline toutes les 3 semaines, corticoïdes à répétition, tests allergiques et désensibilisation suivie pendant 1 an sans amélioration durable, régime alimentaire d’éviction, etc…).
Le chien se gratte sur le dos, sur l’abdomen, la face latérale des membres postérieurs et antérieurs. La peau est squameuse, rouge, d’aspect cartonné avec une forte odeur séborrhéïque.
Titus a beaucoup grossi depuis un an (probablement en partie à cause des nombreux traitements corticoïdes prescrits) et ses propriétaires se plaignent de son manque d’entrain depuis 6 mois.
Cette description n’a hélas rien d’exceptionnel, c’est souvent en effet que nous sommes confrontés à ce genre de pathologies chroniques décourageantes autant pour le clinicien que pour les maîtres.
La recherche des signes cliniques utiles du point de vue homéopathique me fait valoriser les symptômes suivants :
C’est toujours après les vaccinations qu’ont lieu les rechutes de la dermatose de Titus
Titus a toujours été un animal sédentaire qui est nourri ,entre autres, avec les restes des repas familiaux(en particulier Titus mange souvent des aliments sucrés)
Titus est un chien nerveux (ce qui est plutôt rare pour un Épagneul Breton) qui alterne nervosité et calme dans une « alternance d’humeur »
Il recherche le grand air et la place fraîche en général « en particulier quand il a sa crise de dermatose »
Titus alterne assez souvent comme le disent ses maîtres : « une crise d’eczéma avec une diarrhée forte et soudaine »
Il est souvent fatigué, et manque d’entrain
Quand il a sa crise d’eczéma les shampoings l’aggravent toujours et sa peau est brûlante
Enfin Titus est « le roi à la maison »
Tous ces signes sont d’un point de vue homéopathique, particulièrement caractéristiques d’une famille réactive (une « diathèse ») que l’on appelle la Psore, dans laquelle on rencontre cliniquement des individus avec un terrain allergique, soumis à des grandes crises d’élimination périodiques( du point de vue homéopathique on entend par ce terme : les diarrhées, les crises d’asthme, les dermatoses etc) sur fond d’hygiène de vie très mauvaise.
Le chef de file de ce type de terrain est le remède Sulfur dont quasiment tous les signes cliniques d’appels sont ici spontanément présentés par Titus !!
Comme expliqué dans notre précédent article, la loi de similitude nous guide à prescrire Sulfur 7CH une dose ,puis Sulfur 9CH une autre dose le deuxième soir. (Il est important avec ce remède de prescrire en basses dilutions pour commencer car sa réactivité est grande et on peut avec des hautes dilutions données d’emblée, avoir des aggravations spectaculaires et difficiles à récupérer par la suite.
Ici pour Titus le résultat a été à la hauteur de la similitude des signes cliniques qu’il présentait : arrêt des démangeaisons en quelques jours, assèchement des plaies et d’après ses maîtres retour d’un certain dynamisme qu’ils ne leur avaient plus vu depuis longtemps ».
Ces bons résultats n’ont toutefois duré que 2 semaines pour s’estomper progressivement ; ceci est fréquent en homéopathie et il est alors important si la similitude est grande avec le remède, de le represcrire dans une dilution plus haute (en faisant tout de même attention avec Sulfur pour les raisons précédemment évoquées) afin de savoir si le remède prescrit était bien pour le patient le remède de fond qui doit amener la guérison, ou un simple remède d’amélioration passagère à na pas retenir dans ce cas.
J’ai donc donné simplement une dose de Sulfur en 15CH un soir au coucher ; à nouveau l’amélioration a été nette en quelques jours pour cette fois ci se maintenir 5 à 6 mois. Par la suite sur une année j’ai prescrit encore deux fois Sulfur pour des crises de dermatose qui commençaient à être moins importante que par le passé, et pour ses maîtres
« Titus est redevenu leur chien et il est bien dans sa peau aujourd’hui » !
Quelques points sont à souligner ici :
Sulfur est souvent un remède trop prescrit car trompeur : en fait, ses signes cliniques d’appel sont apparemment tellement fréquents et il est le remède qui présente le plus de signes cliniques de toute la matière médicale (on appelle ce genre de remède un Polychrestre). C’est pourquoi dans une répertorisation vite (et mal) menée avec un ordinateur on tombera souvent sur ce remède et quelques autres Polychrestres, le risque étant alors grand de prescrire toujours les mêmes remèdes alors que la matière médicale en comporte des centaines !
Pour le cas de Titus les signes comportementaux de Sulfur étaient présents spontanément (en particulier la grande nervosité avec alternance de calme soudain / agitation anxieuse) de façon rare, bizarre, curieuse pour un Epagneul, et les signes comportementaux en homéopathie sont parmi ceux qui ont la plus grande valeur diagnostique pour le choix du remède. En effet, si Titus avait par exemple été un Berger Allemand ,bien dominant ,mal hiérarchisé, tous ces signes comportementaux n’auraient plus rien eu de rare bizarre et curieux(donc plus aucune valeur homéopathique pour le choix du remède) et ainsi le remède Sulfur n’aurait rien donné.
En conclusion, ce n’est qu’avec une médecine de terrain centrée sur l’individu et ses particularités réactionnelles comme l’homéopathie, que l’on peut espérer toucher au noyau énergétique central de l’être que l’on a à soigner,afin de le rééquilibrer et de pouvoir ainsi lui donner la possibilité d’avoir une autre lecture des événements auxquels il est soumis pour leur apporter une réponse plus adaptée à ce qu’il a à vivre ; en particulier en ce qui concerne la répétition des mêmes pathologies dénommées « psychosomatiques » chez l’homme. (Á ce sujet on rappellera ici que la peau est le reflet de ce qu’il y a de plus intime chez un être, et son origine embryologique chez les mammifères est la même que celle des cellules nerveuses…).
C’est le même enjeu qui est donné avec l’homéopathie chez l’homme, en particulier en pédiatrie où la pratique de l’homéopathie est tout à fait semblable à celle rencontrée en médecine vétérinaire et donne des résultats souvent exceptionnels (à ce sujet les ouvrages de Pédiatrie homéopathique sont spécialement adaptés à la pratique de l’homéopathie vétérinaire).
Pour en savoir plus, n’hésitez pas à poser vos questions au Docteur Stéphane LITTNER